La cohorte d’élèves du collège de l’Arc et du lycée Charles Nodier ne le sait pas encore, mais elle s’apprête à partager un entraînement hors du commun au sein du groupe de Thomas Verro, entraîneur au Lyon Athlétisme.

« Dans l’idée, nous pensions venir en spectateurs »

Elodie Germain et Alexandre Gautherat, enseignants d’EPS dans les deux établissements respectifs, avaient organisé cette journée afin de sensibiliser leurs protégés à la réalité du handisport, et plus largement à la question de l’inclusivité dans l’athlétisme. Quelle ne fut pas leur surprise quand, bien loin de répéter leurs acquis devant les élèves, les quatre athlètes aguerris – dont deux peuvent potentiellement prétendre à une sélection pour les Jeux Paralympiques cet été – ont cassé le 4ème mur en conviant leurs invités à les rejoindre.

Elodie et Alexandre racontent : « De leur air impressionné au premier abord, les élèves sont progressivement passés dans une attitude intéressée et décomplexée. L’accessibilité de leurs hôtes et le partage de leur vécu sans tabou les ont rapidement mis à l’aise. »

Les Dolois se sont donc greffés aux lyonnais sur les divers exercices d’échauffement, et ont pu se familiariser avec les notions encadrant le handisport, par exemple concernant les catégories chez les non-voyants. Le petit groupe d’accueil se constituait d’un athlète tétraplégique, d’une athlète en catégorie T11 (non-voyant avec guide), d’un athlète en catégorie T12 (non-voyant pouvant choisir de concourir seul ou avec guide), et d’Axel Zorzi – parrain des sections athlétisme du collège de l’ARC et du lycée Nodier – concourant en catégorie T13 (mal-voyant sans guide).

« Les élèves ont pu expérimenter tantôt la posture de handicap, tantôt la responsabilité qui incombe au guide »

Après avoir partagé le cœur d’une séance aérobie, les sprinteurs ont engagé leurs apprentis sur une session technique de travail de pied. Sur celle-ci, noués en binômes par une natte, ils ont touché du doigt la complexité d’une harmonisation du duo sur un effort millimétré. Cependant, si en apparence ce sont les élèves qui, à tour de rôle, guidaient leurs hôtes, ce sont bien ces derniers qui ont montré la voie du haut niveau et de ses valeurs aux plus jeunes.

« Nos hôtes nous ont montré une facette différente du haut niveau : celle de l’humilité, du partage, de l’expérience humaine »

« En fait, l’image des valeurs olympiques ! » résume Elodie et Alexandre. L’atmosphère chaleureuse contraste avec la représentation d’une rigueur intransigeante, presque froide, qui fait la réputation du haut niveau. A l’issue des 2h30 d’entraînement, c’est autour d’un repas que le moment de partage se prolonge, avant que ne sonne le moment du départ.

« Plus que tout, nous avons compris la réelle difficulté des non-voyants à trouver un guide, pourtant un prérequis pour pouvoir concourir »

Face à cette problématique, l’idée d’un partenariat entre élèves du lycée et athlètes non-voyants émerge, afin de proposer une assistance sur les compétitions (réglage des starts, garde des affaires, etc). Développer la citoyenneté et les valeurs humaines en milieu scolaire pourrait donner, pourquoi pas, une appétence à certains pour devenir guides plus tard… afin de montrer la voie.